L’Institut Veblen, en partenariat avec Greenpeace France et Max Havelaar et le BASIC, publie une nouvelle étude sur l’ampleur des impacts des importations agricoles françaises sur les droits humains et l’environnement
Cette publication éclaire les effets trop souvent invisibilisés, engendrés par la production de nos aliments du quotidien tels que le cacao, le café, le riz, la banane, l’huile de palme ou encore la vanille.
Derrière ces denrées, que nous consommons sans toujours en mesurer les enjeux, se cachent des réalités préoccupantes pour les populations locales, les écosystèmes des pays producteurs et, plus largement, pour le climat à l’échelle internationale.
Une pression environnementale et sociale insoutenable
L’étude met en lumière des chaînes d’approvisionnement largement responsables de dégradations environnementales majeures et de violations des droits humains. Parmi les principales conclusions :
- Climat : le cacao se révèle être la filière la plus émettrice de CO₂, devant le soja, massivement importé en Europe, suivi du café et de l’huile de palme.
- Déforestation : les filières du soja, de l’huile de palme et du cacao se distinguent tristement comme les plus impliquées dans la destruction des forêts, contribuant ainsi à l’effondrement de la biodiversité.
- Ressources en eau : le soja, le riz et le jus d’orange sont particulièrement gourmands en eau. La culture de la vanille, bien que marginale en volume, présente une empreinte hydrique dramatique lorsqu’on la rapporte à la tonne produite. En matière de pollution de l’eau, le cacao et le soja occupent également une place préoccupante du fait de leurs modes de production.
- Travail des enfants et travail forcé : trois filières se distinguent particulièrement par la présence systémique du travail des enfants ou forcé : le cacao (on estime à 1,5 million le nombre d’enfants travaillant dans des conditions dangereuses en Afrique de l’Ouest), le sucre de canne et le café.
- Niveau de revenu : Plusieurs filières d’importation françaises affichent des niveaux particulièrement faibles en matière de revenu vital, notamment la vanille, l’huile de palme et le sucre de canne.
Nos modèles d’importation perpétuent ainsi des systèmes de production délétères, incompatibles avec les exigences de durabilité et de respect des droits humains.
L’urgence d’appliquer des régulations européennes ambitieuses
C’est pourquoi, la mise en œuvre effective et ambitieuse des réglementations prévues par le Pacte vert s’impose comme une nécessité absolue. Ces mesures visent à renforcer les exigences en matière de durabilité pour les produits importés sur le marché européen, et à mieux encadrer l’impact des chaînes de valeur mondiales.
Pourtant, avant même d’être déployées, ces nouvelles règles subissent des attaques sans précédent. L’application du règlement sur la déforestation importée a été déjà reportée. La directive sur le devoir de vigilance pourrait être démantelée avec le paquet omnibus en cours d’examen. Et tous ces efforts pourraient être anéantis par l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur dont la mise en œuvre pourrait contribuer à aggraver fortement les impacts des flux de commerce actuels.
Face à ces risques,l’Institut Veblen réaffirme la nécessité d’une vigilance accrue et d’un engagement ferme pour garantir la cohérence des politiques commerciales avec les engagements de l’Union européenne en matière de durabilité et de droits humains.
Le constat est sans appel : il est temps d’agir pour transformer en profondeur nos modèles de consommation et de production.
Retrouvez l’étude en cliquant ici et la synthèse de l’étude ici