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Importations agricoles et dumping environnemental et sanitaire : de l’importance des mesures miroirs

10 novembre 2025

Conditionner l’accès au marché des 27 pays de l’UE au respect de certaines normes européennes essentielles en matière de durabilité, de santé et de droits humains devrait être une priorité des Etats membres et des institutions européennes.

Les importations européennes de produits agroalimentaires ont augmenté de près de 22 % entre 2011 et 2021 (en valeur). Une grande partie de ces importations ne respecte pas les normes européennes en matière de production environnementale et sanitaire. Et comme le montre très justement le documentaire d’Hugo Clément "Sur le Front" diffusé lundi 10 novembre, la situation s’aggrave avec la signature d’une multitude d’accords de commerce comme le CETA ou l’accord avec les pays du Mercosur.

Pour lutter contre les maladies liées aux pesticides et la résistance aux antibiotiques, pour protéger la biodiversité et lutter contre la pollution des sols et de l’eau, l’UE a déjà interdit plusieurs centaines de pesticides dangereux et certaines pratiques d’élevage intensif qui compromettent le bien-être animal. Et elle doit encore accroître ses efforts pour répondre aux crises climatiques et de l’effondrement de la biodiversité. Cependant, ces normes s’arrêtent trop souvent aux frontières de l’UE. Pire, faute d’être accompagnées par des mesures commerciales adaptées, ces exigences européennes indispensables peuvent s’avérer contre productives pour l’environnement en raison de la délocalisation de la production agricole qu’elles engendrent.

En important des produits agricoles traités avec des substances ou issus de pratiques interdites dans les 27 Etats membres, l’UE ne respecte pas ses engagements en matière de protection de l’environnement et de santé publique. Et ce système de deux poids deux mesures dans les normes de production et d’accès au marché expose les agriculteurs européens à une véritable concurrence déloyale.

C’est pourquoi il est urgent de renforcer les exigences à l’importation. Certaines mesures miroirs existent déjà (par exemple, sur la viande aux hormones). D’autres sont prévues dans un avenir proche (réglementations sur les médicaments vétérinaires, sur la déforestation importée ou sur les résidus de deux néonicotinoïdes).

Mais cet agenda de travail sur lequel s’est engagé le Commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, dans sa vision pour l’avenir de l’Agriculture, et poussé de longue date par de nombreux parlementaires, est compromis par les accords de commerce négociés par l’UE, à commencer par le CETA avec le Canada ou l’Accord UE Mercosur dont la signature est annoncée avant la fin de l’année. Car pour fluidifier les échanges, la Commission propose encore régulièrement d’assouplir encore les règles applicables pour les produits importés. C’est le cas par exemple des tolérances à l’importation pour les pesticides :

  • A la demande de Monsanto, la Commission européenne a multiplié par 100 la limite maximale de résidus du glyphosate sur la lentille en 2012.
  • Les limites sur le soja de l’acéphate, interdit depuis 2003 en raison d’un risque cancérigène et d’une toxicité élevée pour les abeilles, sont elles aussi 15 fois plus élevées que pour les autres cultures.

Il reste donc beaucoup à faire pour :

  • assurer le respect effectif de premières mesures miroirs adoptées,
  • combler les divergences réglementaires restantes, à commencer par la fin des tolérances à l’importation et l’abaissement des limites maximales de résidus pour l’ensemble des pesticides non autorisés dans l’UE etla fin des antibiotiques utilisés comme activateurs de croissance et administrés comme additifs alimentaires.
  • mettre fin aux exportations européennes de pesticides interdits
  • bloquer les accords de commerce qui accordent des préférences commerciales sans exigences spécifiques en matière de durabilité des méthodes de production, comme le CETA avec le Canada ou l’Accord UE Mercosur.

Le site www.monassiettemonchoix.eu a été créé par un collectif de citoyens pour réunir toutes les ressources, décrypter l’actualité et interpeller les décideurs européens sur le sujet.

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