Si les importations ne représentent que 17% de la consommation européenne en volume, la part des importations dans l’empreinte pesticides des denrées alimentaires consommées européenne atteint 46%.
Autrement dit, un kilo de céréales importées dans l’UE est près de quatre fois plus “intensif” en pesticides qu’un kilo de céréales produites sur son sol.
Sans surprise, les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) sont à l’origine de la plus grande part de l’empreinte. Mais ils représentent à eux seuls près du quart de l’empreinte pesticides de la consommation européenne. Il s’agit pour une part importante de pesticides dont l’usage est interdit dans l’UE. Cela n’empêche pas que ceux-ci soient souvent produits dans l’UE et exportés vers l’Amérique latine et nous reviennent sous forme de résidus dans les produits que nous importons pour notre consommation.
Or la réglementation européenne en vigueur, basée uniquement sur la détection de résidus de pesticides dans les produits finis commercialisés dans l’UE (Limites Maximales de Résidus) n’a aucun impact sur les modes de production, d’autant plus qu’elle ne couvre pas tous les usages. Par exemple, les céréales destinées à l’alimentation animale ne sont pas concernées.
Les règles actuelles de l’UE n’évitent ainsi pas les fuites de production vers les pays tiers plus laxistes sur le plan environnemental et sanitaire. Et sans mesures commerciales spécifiques, un renforcement de la réglementation européenne sur la production au sein des 27 pourrait même avoir un effet contreproductif sur l’empreinte pesticide totale. C’est pourquoi, l’Observatoire européen de la fiscalité met aujourd’hui dans le débat la proposition d’un nouveau "mécanisme d’ajustement pesticides aux frontières", inspiré du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.