Bernard Maris ne se prenait pas au sérieux, en revanche, son message l’était. A commencer par sa critique radicale de la science économique dominante et de sa prétention à s’affirmer comme une science exacte, à l’instar de la physique ou de la biologie. Or, à la différence de ces disciplines, où la même expérience peut être renouvelée, l’économie est une science sociale, historique. Elle peut au mieux observer comment les choses se sont déroulées hier et formuler des scénarios fondés sur l’analyse des tendances passées.L’économie est très technique, très complexe mais, dans le même temps, c’est de nos emplois, de nos revenus, de nos retraites, de notre monnaie, de notre bien-être dont il est question.
Il est donc particulièrement regrettable que nombre de nos concitoyens affirment "ne rien comprendre à l’économie" et ne pas s’y intéresser, alors qu’il serait hautement souhaitable que chacun puisse s’en saisir afin que les choix économiques soient placés au coeur du débat démocratique. Sur ce plan, les médias ne font peut être pas assez leur travail. L’organisation des rédactions continue d’opposer service politique et service économique. L’information économique y est généralement considérée comme une matière spécifique, destinée aux décideurs ou épargnants, ou comme un domaine très technique, qui peut être traitée objectivement. Or, les analyses et les recommandations que formulent journalistes spécialisés et experts devraient toujours être mises en débat puisqu’ils passent leur temps à nous expliquer ce qui est possible et surtout, ce qui ne l’est pas !
Tout l’enjeu aujourd’hui est donc de remettre l’économie – et son traitement – à la place qui devrait être la sienne : un moyen au service de la société et non une fin en soi à laquelle celle-ci doit se soumettre. Merci Bernard, de nous l’avoir rappelé sans relâche.
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