Une Modeste Proposition pour résoudre la crise de la zone euro (version 3.0)
Par Stuart Holland & Yanis Varoufakis
1er mai 2012
Prise depuis plus de deux ans dans une crise qu’elle a elle-même provoquée, l’Europe est aujourd’hui en voie de fragmentation.
Un billet de dix euros déposé dans une banque grecque a aujourd’hui moins de valeur qu’un billet de dix euros déposé dans une banque espagnole, qui lui-même vaut moins qu’un billet de dix euros placé dans une banque allemande. Il n’existe pas de signe plus clair de la désintégration de la monnaie unique. L’enjeu dépasse la seule zone euro. Les répercussions d’une désintégration de la monnaie unique seraient si graves, la montée des nationalismes serait un tel cataclysme, que ce serait se bercer d’illusions que de croire que l’Union Européenne pourrait continuer à exister autrement que comme un simple sigle, si l’euro devait succomber aux forces centrifuges auxquelles il est actuellement soumis. Les dirigeants européens, avec leur accumulation d’erreurs, leurs prises de décision tardives et leurs petits arrangements politiques, ont stupéfait le monde par leur faillite collective. La plupart des commentateurs déplorent l’incapacité des élites administratives et politiques européennes à agir rapidement et de manière coordonnée.
C’est en partie vrai seulement, car la récente intervention à double détente de la Banque centrale européenne (BCE) à l’égard des banques européennes1 prouve que l’Europe peut agir avec autorité quand elle le décide. Le problème reste que la direction politique de l’Europe a mené jusqu’à présent, des politiques fondées sur (a) une analyse erronée de la nature de la crise et (b) deux faux dilemmes.
Dans cette note, nous commencerons par exposer la réelle nature de la crise, avant de présenter notre Modeste Proposition. Cette proposition repose sur trois politiques simples, qui peuvent être mises en oeuvre immédiatement, et qui ne nécessitent aucun des changements (tels que des transferts fiscaux entre pays, ou le passage au fédéralisme) auxquels de nombreux Européens sont opposés. Enfin, nous mettons notre proposition en perspective avec les faux dilemmes qui entravent une analyse lucide et qui immobilisent les décideurs européens.