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Les ONG demandent à Ursula von der Leyen de respecter l’engagement sur la fin de l’exportation des produits chimiques interdits

Stéphanie Kpenou, 12 septembre 2023

Dans une lettre ouverte, 85 organisations sociales et environnementales demandent instamment à Ursula von der Leyen et à la Commission européenne de respecter l’engagement pris dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe de veiller à ce que les produits chimiques dangereux interdits d’usage dans l’UE ne soient plus produits à des fins d’exportation dans les pays tiers.

Les fonctionnaires de la Commission ont en effet informé les ONG et les lobbyistes de l’industrie de la décision de la Commission de ne pas présenter de proposition législative avant la fin de son mandat. Le commissaire à l’environnement Virginijus Sinkevičius a toutefois déclaré lundi soir à la commission de l’environnement du Parlement européen (ENVI) qu’il espérait, "si l’ambition est toujours là, que [la Commission] sera en mesure de la proposer au cours de ce mandat", en réponse à une question sur les produits chimiques interdits [1].

Pour Stéphanie Kpenou, chargé de plaidoyer à l’Institut Veblen :
il est temps de mettre fin à cette contradiction européenne qui discrédite l’action de l’Union et les ambitions du Pacte vert en matière de pesticides. Il n’est plus possible de continuer à produire en UE pour exportation dans des pays tiers, et notamment dans des pays en développement, les pesticides interdits d’usage dans l’Union en raison de leur nocivité pour la santé et l’environnement. Cela est totalement injustifiable d’un point de vue éthique et renforce par ailleurs la probabilité d’importer par effet boomerang des produits contenant des résidus de ces pesticides sur le marché européen”.

"L’UE risque de perdre sa crédibilité si elle ne tient pas ses promesses d’agir contre ces exportations toxiques. Il est temps de prendre des mesures courageuses pour protéger les personnes et leur environnement et de ne pas reculer. Toute personne a droit à un environnement sain et à l’intégrité physique, qu’elle soit citoyenne de l’UE ou qu’elle vive dans un pays tiers. Une hésitation de la part de l’UE envoie un message terrible aux centaines de millions de personnes qui souffrent d’empoisonnement par les pesticides dans le monde", a déclaré Susan Haffmans, conseillère principale sur les pesticides à PAN Germany.

267.000 personnes ont déjà signé une pétition en faveur de l’interdiction de ces exportations, et plus de 2 400 citoyens de l’UE et plusieurs ONG dont l’Institut Veblen ont également participé à la consultation publique qui s’est tenue cette année [2].

L’UE dispose de l’une des réglementations les plus strictes au monde en matière de pesticides. Cependant, des produits chimiques toxiques interdits dans l’Union en raison de leur impact sur la santé humaine et l’environnement continuent d’être exportés vers d’autres pays, souvent plus pauvres, ce qui a des conséquences dévastatrices.

Non seulement ces produits chimiques dangereux nuisent aux personnes et aux écosystèmes en dehors de l’UE, mais ils finissent également en Europe, sous forme de résidus dans les importations de denrées alimentaires.

Plus de 326 organisations de la société civile du monde entier, des institutions et des syndicats ont adressé une déclaration commune à la Commission européenne en décembre 2022 pour demander l’interdiction des exportations de produits chimiques dangereux interdits dans l’UE [3].

Notes :

[1] Enregistrement vidéo du Commissaire à l’environnement du 11 septembre 2023 (voir à 20:51 minutes)
[2] Pétition au Commissaire à l’environnement, début novembre 2022
Appel à contribution de la Commission
[3] Déclaration conjointe de 327 organisations de la société civile, décembre 2022

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