Quelle est la « part de responsabilité » de la monnaie et du système monétaire dans la crise social-écologique actuelle ? La question même risque de heurter les lecteurs formés à l’économie néoclassique, pour laquelle la monnaie ne compte pas réellement dans l’analyse. La théorie économique standard n’a jamais réussi à intégrer la monnaie dans ses modèles d’équilibre général, et le problème environnemental est pour elle ou bien une affaire de prix, ou bien – lorsque les doutes s’élèvent enfin quant à la fixation des prix par le marché –, une affaire de coûts établis de façon exogène (comme dans le cas de la « valeur sociale » des émissions carbone, etc.). La deuxième méthode est nettement préférable mais dans les deux cas, la monnaie elle-même est vue comme un support « neutre », un simple intermédiaire des échanges qui nous dispense du troc mais qui n’a aucun impact sur la formation des préférences individuelles et collectives, sur les « fonctions d’utilité » sous-jacentes à la formation des prix relatifs.
Ecologie, démocratie et système monétaire
26 février 2015
La transition écologique ne sera jamais une simple affaire de « policy fix » : pour relever un défi dont la nature est autant sociale qu’environnementale, nous n’avons d’autre choix que de reprendre la marche vers la démocratisation de l’économie. La monnaie nous offre à cet égard un levier potentiel, mais encore faut-il savoir se l’approprier, intellectuellement et en pratique, et rouvrir le débat sur un point que la plupart des économistes considèrent comme clôt.