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Cap ou pas de cap ? L’Europe face à son destin industriel

Madeleine Péron, 14 mai 2025

L’année 2025 vient encore rappeler toutes les fragilités de l’industrie française. Les annonces de fermetures de sites et de suppressions de postes se multiplient : après Michelin, Valeo et Bosch l’an dernier, voici le tour de Vencorex et d’ArcelorMittal…

Editorial du numéro 106 de l’Economie politique, « Réindustrialiser, pour quoi faire ? ».

Elles laissent dans leur sillage non seulement les salariés, leurs compétences, leurs savoir-faire, mais aussi les sous-traitants, les services de proximité… Quelques projets emblématiques à l’image de la Vallée de la batterie dans le Nord peinent à masquer une érosion plus profonde, fruit autant de choix passés que d’une vision industrielle encore inachevée.

Les causes du déclin industriel sont bien connues, et ne se limitent pas à la France, même si notre pays a été particulièrement touché. Convaincus que la mondialisation jouerait en leur faveur, les pays développés ont massivement externalisé leur production vers les pays où les salaires étaient faibles, les normes environnementales peu contraignantes et la fiscalité avantageuse. La mondialisation des chaînes de production a poussé les prix à la baisse pour les consommateurs, celui qui ne suivait pas le mouvement avait peu de chances de survivre. Aujourd’hui encore, cette logique implacable est à l’œuvre, on le voit dans ces entreprises qui ferment même des sites rentables.

Certains pays européens ont mieux géré le défi que nous, mais aujourd’hui, même l’industrie allemande vacille sous les assauts de la concurrence mondiale. Miser sur quelques secteurs porteurs ou haut de gamme tout en négligeant certaines pro-ductions clés a fragilisé nos bases productives. Est-on capable aujourd’hui d’inverser la situation ?

Jusqu’ici les résultats sont décevants, malgré les milliards d’euros d’argent public investis pour sauver le tissu industriel du choc de la pandémie de Covid-19, puis de la crise énergétique déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, malgré les grands plans de sauvetage européens annoncés cet hiver, malgré les concessions des gouvernements aux exigences des tenants de l’industrie qui sapent les normes environnementales et sociales, baissent les impôts, affaiblissent le droit du travail.

Aligner intérêts privés et objectifs publics

Alors, face aux défis du siècle, à la montée des inégalités, aux tensions géopolitiques, au dérèglement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, à l’épuisement des ressources, est-ce vraiment de plus d’usines dont nous avons besoin ? Peut-être que oui…

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