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L’institut Veblen à l’université du Bien commun

La biodiversité cultivée : un bien commun ?

Une table ronde proposée par Thierry Linck (économiste, Université du vivant, directeur de recherche du Département Sciences de l’Action pour le Développement, SAD, INRA), avec Guy Kastler (paysan, ancien délégué général du Réseau Semences Paysannes et membre de la Confédération paysanne), Aurore Lalucq (co-directrice de l’Institut Veblen et co-auteur avec Jean Gadrey de Faut-il donner un prix à la nature ? coll. "Politiques de la transition"/Les Petits matins, 2015), Alexandre Lumbroso (co-réalisateur avec Jonathan Attias du documentaire Des Clics de Conscience, 2017), Patrick Desplats (vigneron).

INTERVENTIONS :
 Thierry Linck Le maïs natif à Tenejapa : dans les montagnes du Chiapas au Mexique, les savoirs et les gènes sont construits et mobilisés dans une démarche collaborative qui laisse une large place à l’expérience et aux initiatives individuelles dans le cadre d’une biodiversité cultivée.
 Guy Kastler évoquera les contraintes réglementaires en matière de semences natives, les conditions et les aspects de leur brevetabilité, la protection des connaissances traditionnelles et de leur transmission en « open source ».
 Aurore Lalucq exposera en quoi la problématique de la biodiversité soulève bien évidemment la question de la monétisation en cours de la nature « au nom de sa protection », avec notamment l’émergence des « compensations » relatives à la dégradation de l’environnement.
 Alexandre Lumbroso relatera l’initiative qui les a amenés à lancer une pétition citoyenne réclamant le droit pour les agriculteurs de s’échanger des semences reproductibles, et qu’ils ont réussi ensuite à transformer en une proposition de loi qui a été votée dans la loi Biodiversité
 Patrick Desplats évoquera la recherche et la transmission de savoirs à la fois ancestraux et modernes qui accompagnent aujourd’hui son travail, l’autoproduction de semences et l’importance de la transition énergétique pour les jeunes générations.

Présentation

Qu’y a-t-il sous les biens communs, en particulier sous ceux que nous construisons pour assurer notre alimentation ? La vie (la biodiversité) bien sûr, mais aussi et toujours des savoirs. Des savoirs techniques que nous mobilisons pour aménager la nature et transformer ses produits. Des savoirs relationnels qui cadrent les modalités d’accès aux ressources et de partage des richesses. Ces savoirs forment un tout. Et ils circulent, en même temps que les gènes qui ont été sélectionnés dans les processus de construction des variétés cultivées et des races animales.
Ces savoirs circulent et sont appropriés selon des modalités qui peuvent varier du tout au tout. Dans nos sociétés modernes et globalisées, leur circulation repose sur l’échange marchand et le principe d’une appropriation exclusive. Dans les montagnes du Chiapas, au contraire, ils circulent dans une logique de partage et un objectif commun de culture de la biodiversité. Notre agriculture moderne, elle, repose sur l’usage massif de machines et de produits chimiques et sur un principe de déconstruction de la biodiversité et de stérilisation des sols. Nous verrons quelles sont les contraintes réglementaires en matière de semences natives, les conditions et les aspects de leur brevetabilité, la protection des connaissances traditionnelles et de leur transmission en « open source ».
Cette rencontre entend mettre en avant le principe d’une maîtrise locale de la biodiversité cultivée et elle ne fera pas l’économie d’une critique des approches économiques convenues. Elle évoquera l’enjeu des semences paysannes en libre accès et la préservation des connaissances traditionnelles en matière agriculturale, en rappelant que la problématique de la biodiversité soulève bien évidemment la question de la monétisation en cours de la nature « au nom de sa protection. »
Faut-il donner un prix à la nature ? A l’heure où se crée les banques vertes, « cela ne sert strictement à rien », nous dit Aurore Lalucq : « Donner une valeur monétaire ne protège pas. Un prix sert à indiquer une valeur sur un marché quand quelque chose est mis en vente. Or, nous ne sommes pas sur un marché ». Il y a là un fil à tirer sur l’ambiguïté des rapports de l’économie au marché et au vivant, sur les questions des modes d’appropriation, sur la place du droit ou encore sur celle des rapports entre l’économie, le temps et l’espace : des questions par nature complexe mais qui, dans une perspective critique, peuvent devenir bien plus claires...
Il sera question aussi, outre la construction des savoirs techniques et relationnels, de stratégies de sélection, de génie génétique, de multifonctionnalité, d’articulation des filières alimentaires (courtes et longues) aux chaînes trophiques... Deux exemples emblématiques de résistance et de défense de la biodiversité, à travers une mobilisation publique ou à travers la mise en œuvre d’une forêt nourricière au sein d’un vignoble, nous permettrons aussi de comprendre à quel point sensibiliser et agir en faveur de la biodiversité est primordial aujourd’hui.

Informations pratiques :

Le samedi 10 FEVRIER 2018 de 14h30 à 18h30*

Pour nous signaler votre présence : universitebiencommun chez gmail.com
ou au 01 40 05 05 67

100 Etablissement Culturel Solidaire, 100 Rue de Charenton (Paris 12e). Métro : Gare de Lyon (L1) ou Ledru-Rollin (L8) - RER : Gare de Lyon - Bus : 57 et 29 - Vélib : Hector Malot - Charenton n°12101

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