Pourquoi Olympe de Gouges a-t-elle écrit "La Déclaration des droits des femmes et des citoyennes ?" : épisode • 1/5 du podcast Pourquoi les inégalités hommes-femmes persistent-elles ?

Portrait d'Olympes de Gouges (1748–1793). Elle est considérée comme une pionnière du féminisme français. - Alexander Kucharsky, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
Portrait d'Olympes de Gouges (1748–1793). Elle est considérée comme une pionnière du féminisme français. - Alexander Kucharsky, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
Portrait d'Olympes de Gouges (1748–1793). Elle est considérée comme une pionnière du féminisme français. - Alexander Kucharsky, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
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"Femme, réveille-toi" ! Proposant une réécriture de la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen" en y intégrant les droits naturels de la femme, Olympe de Gouges, pionnière du féminisme, a osé dénoncer le mépris des femmes dans la Constitution de 1791 qui ne leur reconnaissait aucun droit.

Commençons cette série sur les femmes, en évoquant l’une des plus célèbres d’entre elles, Olympe de Gouges. En septembre 1791, au moment où la Constitution qui instaure une monarchie constitutionnelle en France est présentée à Louis XVI, Olympe de Gouges adresse à la reine Marie-Antoinette un texte d’une vingtaine de pages intitulé "Déclaration des droits des femmes et des citoyennes". Qu’est-ce qui a poussé cette courtisane devenue femme de lettres à écrire ce libelle ?

"Olympe de Gouges, dénonciatrice du mépris des droits de la femme de la Constitution de 1791"

Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, née en 1748 à Montauban, est une écrivaine et une metteuse en scène de pièces de théâtre engagées. Les premières pièces qu’elle écrit critiquent vivement l’esclavage et réclament son abolition. Plus tard, elle publie des textes politiques et va notamment multiplier les critiques à l’égard de la Constitution de 1791 : en effet, celle-ci ne reconnaît aucun droit aux femmes. Elle ne leur accorde pas  le droit de vote et ne reconnaît pas le divorce.

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La déclaration - qui est, écrit Olympe de Gouges, "à décréter par l’Assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la prochaine législature" -, commence par rappeler que nulle part ailleurs que chez les humains un sexe n’est aussi affaibli et dominé par l’autre dans la nature. "L’homme seul s’est fagoté un pouvoir de cette exception", écrit-elle. Le Préambule indique que "les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la Nation, demandent d’être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme" (…) "Le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de la femme et de la citoyenne".

"La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits.", Olympe de Gouges.

"La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit également avoir celui de monter à la tribune.", Olympe de Gouges.

Suivent dix-sept articles qui réécrivent la " Déclaration des droits de l’homme et du citoyen" en y intégrant systématiquement les femmes. Qu’on en juge.

  • L’article premier est ainsi libellé : "La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune".
  • L’article 2 soutient que "le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la Femme et de l’Homme".
  • L’article 3 soutient que "le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation qui n’est que la réunion de la Femme et de l’Homme".
  • L’article 6 rappelle que "la loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les citoyennes et tous les citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les citoyennes et tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics selon leurs capacités".
  • L’article 10 est le plus connu : "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit également avoir celui de monter à la tribune".
  • L’article 13 rappelle que "pour l’entretien de la force publique et les dépenses de l’administration, les contributions de la Femme et de l’Homme sont égales. Elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles. Elle doit donc avoir de même, part à la distribution des places, des charges, des emplois, des dignités et de l’industrie".

Le texte propose la suppression de l’oppression et du mariage religieux. Il se termine par un vibrant appel : "Femme, réveille-toi". En 1792, l’Assemblée reconnaîtra le droit au divorce. En juillet 1793, Olympe de Gouges est arrêtée pour avoir pris fait et cause en faveur de la monarchie constitutionnelle. Elle est condamnée à mort et guillotinée. Considérée comme une des premières féministes, sa panthéonisation est réclamée par plusieurs pétitions.

La Question du jour
7 min

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