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Jézabel Couppey-Soubeyran : « Cette finance punk qui ne dit pas son nom »

En autorisant la titrisation des « prêts non performants », l’Europe prend le risque de voir une crise financière redoubler les effets de la crise économique due au Covid-19, prévient l’économiste dans sa chronique au « Monde ».

Publié le 17 avril 2021 à 05h00, modifié le 17 avril 2021 à 09h16 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. En Europe comme ailleurs, les faillites d’entreprises ont été plus faibles qu’attendu en 2020, car les mesures d’aide les ont contenues ou différées. Selon les prévisions, elles devraient augmenter en 2021 et lester les bilans des banques d’une masse de prêts qui ne seront pas remboursés. La Commission européenne a tout prévu : transformer ces « prêts non performants » en produits revendables sur un marché. La foire est ouverte !

Comme l’explique le Fonds monétaire international dans ses Perspectives de l’économie mondiale d’avril, contrairement à ce qui s’est passé pendant la crise financière ou d’autres récessions, les faillites d’entreprises ont diminué dans les économies avancées pendant la crise sanitaire. Cela est dû notamment aux moratoires sur les remboursements de prêts bancaires. Ce sont les petites entreprises qui en ont particulièrement profité. Les plus grandes ont plutôt accès aux marchés obligataires, où le FMI observe parallèlement, dans son rapport sur la stabilité financière globale, un taux de défaillance des émetteurs de titres mal notés à son plus haut depuis la crise financière.

En substance, le FMI craint qu’une horde d’entreprises « zombies », petites et grandes, maintenues artificiellement en vie par les aides généralisées, vienne plomber la reprise. S’ils veulent moins d’entreprises « zombies », qui feront faillite demain tout en accaparant des ressources qui seraient plus utiles à d’autres, les pouvoirs publics doivent se résoudre à accepter plus de faillites aujourd’hui.

« Bad banks »

Cela rejoint les prévisions des instituts de conjoncture et des professionnels du secteur financier qui s’attendent à une remontée des faillites d’entreprises en 2021, à un niveau qui dépasserait celui de 2019 (l’assureur-crédit Atradius prévoit une augmentation de 26 % dans le monde en 2021, et de 80 % en France). Au bilan des banques de la zone euro, qui sont entrées dans la crise sanitaire mieux capitalisées et plus résistantes qu’elles ne l’étaient avant la crise financière de 2008, le taux de prêts non performants, resté en dessous de 3 % en 2020 (contre 7 % fin 2015), pourrait remonter et causer des pertes. Le préjudice ne sera pas seulement pour la profitabilité des banques mais aussi, suivant leur capacité à absorber les pertes, pour la stabilité globale du secteur. En 2008, la crise financière avait débouché sur la crise économique. En situation de pandémie, la crise bancaire et financière pourrait venir à la suite de la crise économique et en redoubler les effets.

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