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Plan de relance : l'accueil mi-chèvre mi-chou des milieux écologistes

Les spécialistes de l'écologie jugent que les 30 milliards sont un « bon début » pour permettre à la France de se mettre sur la voie de la neutralité carbone. Mais ils déplorent l'absence de contreparties aux baisses d'impôts de production et prônent une pérennisation de l'effort public.

Le plan de relance consacre plus de 1 milliard d'euros aux mobilités du quotidien, dont le vélo.
Le plan de relance consacre plus de 1 milliard d'euros aux mobilités du quotidien, dont le vélo. (Thomas SAMSON/AFP)

Par Muryel Jacque

Publié le 3 sept. 2020 à 18:14Mis à jour le 4 sept. 2020 à 08:42

Plus de 30 milliards d'euros pour que la France puisse amorcer réellement sa transition écologique. Côté chiffres et côté cibles, grosso modo le satisfecit des associations et des spécialistes de l'écologie au plan de relance du gouvernement , présenté jeudi, est là. « Les montants, notamment pour le bâtiment, l'énergie ou la mobilité sont dans le bon ordre de grandeur », estime ainsi Benoît Leguet, le directeur général d'I4CE, un think tank sur l'économie de la transition énergétique. Un « bon début », donc.

Pour autant, « il ne s'agit pas d'aligner les milliards », poursuit-il, « il va falloir structurer les filières à la hauteur des enjeux » : comment MaPrimRenov' va être finalisée, comment les aides publiques vont être conçues… autant de détails qui ne sont pas encore dans le plan et auxquels les experts seront particulièrement attentifs. C'est seulement à ces détails qu'on pourra juger de la capacité du plan à mettre la France sur la voie de la neutralité carbone, insiste-t-on chez I4CE.

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Pour cela, beaucoup de voix se sont élevées récemment pour que l'effort financier déployé aille bien au-delà du plan qui s'étend jusqu'en 2022. « Les soutiens publics aux investissements prévus pour les deux ans à venir devront être suivis par un effort annuel équivalent sur au moins dix ans », plaide ainsi le député écologiste Matthieu Orphelin. Sinon, il met en garde sur le risque de « stop-and-go » qui peut « casser la dynamique et la confiance des acteurs ».

Manque de cohérence

Seul élément pérenne du plan de relance, les baisses d'impôts de production ont suscité de nombreuses réactions crispées, jeudi, au sein des associations et des ONG. A l'Institut Veblen, sa codirectrice, Mathilde Dupré, déplore « l'absence de conditionnalités environnementales et sociales associées aux mesures de baisse des impôts de production, qui représentent tout de même 20 % du plan ». Pour Samuel Leré, de la Fondation Nicolas Hulot, c'est tout simplement « un chèque en blanc aux entreprises », quelles qu'elles soient. « La baisse profitera à des Biocoop comme à Total », lâche Quentin Parrinello, porte-parole d'Oxfam France, qui appelle à mettre en place, « à la place de cette mesure contre-productive », « un bonus-malus social et écologique ».

Au Réseau Action Climat, qui fédère plus d'une vingtaine d'associations, on montre aussi du doigt la poursuite du financement de technologies ou projets jugés « incompatibles avec les principes de la transition écologique ». Sont cités le nucléaire, les nouvelles infrastructures routières, l'agriculture de précision, l'hydrogène non renouvelable ou encore la 5G. « La balle est dans le camp des parlementaires pour augmenter l'ambition et la cohérence du plan de relance », souligne le réseau.

Trop tard, pour le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou, qui assure aux « Echos » que le plan est « une occasion manquée ». « On nous avait promis un plan vert. On a un plan de relance à l'ancienne, avec un volet vert », regrette le responsable politique, qui trouve notamment « inquiétant » le « ratio » entre les 160.000 emplois escomptés par le gouvernement et les 100 milliards d'euros annoncés.

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Muryel Jacque

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