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Tribune

Opinion | Immobilier : Monsieur Macron, la rénovation énergétique a besoin d'un nouvel élan !

Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, Jean-Louis Bal, président d'Agir pour le climat, Jean Jouzel, climatologue, et Antoine Gatet, président de France Nature Environnement, appellent à une nouvelle politique de rénovation énergétique qui ne serait pas fondée uniquement sur le diagnostic de performance énergétique.

« Une politique fondée sur le seul diagnostic de performance énergétique (DPE), sans garde-fous, est vouée à l'échec. »
« Une politique fondée sur le seul diagnostic de performance énergétique (DPE), sans garde-fous, est vouée à l'échec. » (iStock)

Par Jean-Louis Bal (président du Syndicat des énergies renouvelables ), Jean Jouzel

Publié le 22 sept. 2023 à 10:00Mis à jour le 27 sept. 2023 à 10:43

Monsieur le président,

Vous annoncerez, lundi 25 septembre, les grands axes d'une planification écologique qui doit permettre à la France de réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 et d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

Ces objectifs impliquent une diminution très importante de notre consommation d'énergie. Le bâtiment est - de loin - le secteur le plus consommateur. Le chauffage représente et continuera à représenter le premier poste de consommation de nos logements au cours des prochaines décennies. La réussite de notre politique de rénovation énergétique est donc primordiale.

Dans le cadre du Conseil national de la refondation logement, la Première ministre a annoncé en juin l'objectif de 200.000 rénovations d'« ampleur » en 2024. 900.000 rénovations « ambitieuses » sont prévues en 2030.

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Une politique vouée à l'échec

Que recouvrent ces adjectifs ? La loi climat et résilience définit uniquement les rénovations « performantes », qui permettent d'emmener un bâtiment à un niveau de basse consommation (BBC). Ce sont ces rénovations dont la massification constitue un passage obligé dans tous les scénarios prospectifs.

Une politique fondée sur le seul diagnostic de performance énergétique (DPE), sans garde-fous, qui ne viserait qu'un saut d'au moins deux étiquettes DPE, est vouée à l'échec. Non seulement cette politique ne serait pas au niveau de performance nécessaire pour boucler nos objectifs de décarbonation - et ne permettra pas de les atteindre à terme (il faudra reprendre les travaux par la suite) -, mais elle ne réalisera même pas les économies d'énergie qu'elle prétendra avoir obtenues.

Le DPE - à supposer qu'il soit bien renseigné, ce qui est rarement le cas - ne donne qu'une indication relative sur la performance énergétique d'un logement. Il ne dit rien de sa performance réelle, ni de la réalité des économies d'énergie obtenues après travaux.

Atteindre le niveau BBC

Cet outil n'est pas conçu par ailleurs pour préconiser les travaux adéquats. En fondant une politique publique sur le seul saut de classes DPE, nous ne réduirons pas la consommation d'énergie des logements, nous ne combattrons pas le réchauffement climatique et nous ne protégerons pas des millions de ménages contre la précarité énergétique.

A une approche fondée sur des sauts de classe, incertaine et incompatible avec notre objectif de performance finale, nous opposons une approche reposant sur des exigences verrouillées qui garantissent la réalité de la baisse des consommations d'énergie et l'atteinte du niveau BBC.

Chantier complexe et titanesque

C'est sur cet étalon que notre système d'aides à la rénovation doit être fondé. Des propositions ont été faites en ce sens, que le SGPE avait retenues, mais que Bercy semble avoir écartées. Une politique qui viserait des « rénovations » moins qualitatives permettrait certes d'atteindre plus facilement les objectifs chiffrés annoncés, mais perpétuerait le mauvais usage de nos dépenses publiques en matière de rénovation.

Nous connaissons depuis longtemps la méthode à appliquer pour mener à bien le chantier capital de la transformation énergétique de notre parc de logements. C'est un chantier complexe et titanesque, mais extrêmement vertueux.

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Après quinze ans d'atermoiements, et alors que nous nous engageons dans la planification écologique, nous ne pouvons plus nous permettre de retarder encore sa mise en oeuvre. Nous n'avons plus le temps !

Les signataires :

Jean-Louis Bal, président d'Agir pour le climat

Arthur Brac de la Perrière, directeur général de Dorémi

Christian Cardonnel, consultant

Lucas Chabalier, coordinateur de la coalition Unlock France

Jean-Charles Colas-Roy, président de Coénove

Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre

Danyel Dubreuil, coordinateur de l'initiative Rénovons

Jean Jouzel, climatologue

Hélène Gassin, présidente de l'Association négaWatt

Antoine Gatet, président de France Nature Environnement

Wojtek Kalinowski, codirecteur de l'Institut Veblen

Florent Lacarrère, coprésident du collectif Effinergie

Philippe Laurent, maire de Sceaux

Vincent Legrand, gérant de l'Institut négaWatt

Stéphanie Modde, coprésidente du collectif Effinergie

Delphine Mugnier, coprésidente du CLER- Réseau pour la transition énergétique

Florence Presson, représentante de l'Association des maires de France au Conseil national de la transition écologique

Olivier Servant, porte-parole du collectif Isolons la Terre contre le CO2

Olivier Sidler, expert en énergétique

Tribune collective

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