Epargner la planète, mieux répartir les richesses… Mission impossible à Davos ?

Des militants du Parti socialiste participent à une manifestation contre le Forum économique mondial à Davos, le 15 janvier 2022. ©AFP - Fabrice COFFRINI /
Des militants du Parti socialiste participent à une manifestation contre le Forum économique mondial à Davos, le 15 janvier 2022. ©AFP - Fabrice COFFRINI /
Des militants du Parti socialiste participent à une manifestation contre le Forum économique mondial à Davos, le 15 janvier 2022. ©AFP - Fabrice COFFRINI /
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Flambée des prix, conflits géopolitiques, terreur climatique… En ce début d'année 2023, les risques mondiaux se multiplient. C'est dans cette atmosphère d'inquiétude grandissante que se tiendra le 53e Forum Économique Mondial à Davos

Avec
  • Mathilde Dupré Économiste, co-directrice de l’Institut Veblen
  • Pascal Saint-Amans ex-directeur du centre de politique et d'administration fiscale de l'OCDE, professeur de politique fiscale à l'université de Lausanne

Un contexte de crises multiples

Alors que la 53ème édition du Forum de Davos débute, Mathilde Dupré constate “une situation de polycrise”. Elle indique que “le contexte actuel est complexe avec à la fois, une pandémie persistante - notamment en Chine- la guerre en Ukraine et un changement climatique qui ne ralentit pas. Tout cela a des effets cumulés. On a vu des effets très forts sur les chaînes de valeur mondiale mises à rude épreuve, une crise énergétique, une crise de l’alimentation, tout cela nourrit l’inflation.” Selon l'économiste, “le monde a fait la découverte un peu brutale de sa vulnérabilité et du manque de résilience de l’organisation de l’économie internationale au moment de la pandémie”

Un monde qui se fractionne : la fin du multilatéralisme ?

“Davos commence dans une atmosphère générale qui n’est pas très gaie, confirme Pascal Saint-Amans. Le monde se fractionne. Davos était l’incarnation de la globalisation et du multilatéralisme qui sont en crise. En particulier au sein du bloc occidental, une fragmentation s’opère entre les États-Unis et l’Europe, notamment du fait de la législation américaine sur la réduction de l’inflation, qui est une subvention massive pour transformer l'économie américaine, et qui risque de réindustrialiser les États-Unis au détriment de l’Europe."

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Mathilde Dupré déplore elle aussi un “manque de coopération internationale” et ajoute :“Davos, c’est une grande messe internationale de leaders économiques et politiques. Ce sont des conférences et des rencontres. Il n’y a pas de décisions formelles qui sont adoptées. Au niveau international, on voit quand même une érosion du multilatéralisme, une fragmentation croissante.”

Crise climatique : une prise de conscience encore insuffisante

Mathilde Dupré considère que le rapport publié par le Forum de Davos ”fait état d’un “grand paradoxe” : "lorsque l’on regarde le bilan sur les deux prochaines années, la question du coût de la vie et des confrontations géopolitiques arrive très haut dans les préoccupations. Mais quand on regarde le bilan sur les dix prochaines années, les questions climatiques et les risques d'échec des politiques de lutte et d'adaptation au changement climatique arrivent en tête. On a donc un vrai paradoxe avec un risque de détournement de l’attention à cause des premières urgences.”

Mais alors quelles réponses peuvent apporter les mondes économique et politique ? Pour Pascal Saint-Amans, "la fiscalité écologique à l'échelle internationale ne se porte pas très bien. Sur l’ensemble des pays du monde, sur 90% des émissions de carbone, à peine un peu plus de la moitié sont taxées ou ont un prix. Ce prix est à 4 euros la tonne. Il devrait être à 100 euros la tonne (...) Il n’y a pas de fiscalité du carbone.”

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