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Jézabel Couppey-Soubeyran : « La transition écologique demeure suspendue à la rupture avec l’hyperfinanciarisation des décennies passées »

Banques, assurances et fonds d’investissement s’inquiètent du « risque de transition », c’est-à-dire de la perte de valeur des actifs liés à l’économie carbonée, observe l’économiste dans sa chronique

Publié le 01 juillet 2023 à 05h00, modifié le 01 juillet 2023 à 05h00 Temps de Lecture 3 min.

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Alors que l’on attend du secteur bancaire et financier qu’il soit le moteur de l’investissement vert, la masse énorme d’actifs qu’il porte constitue au contraire un frein majeur à la transition écologique. Car celle-ci fait en réalité peser un risque de lourdes pertes pour les acteurs de la finance mondiale. Les 486 600 milliards de dollars (447 988 milliards d’euros), selon le Conseil de stabilité financière, inscrits aux bilans des banques, des assurances, des fonds d’investissement, etc. – un chiffre qui a plus que doublé depuis la crise financière de 2007-2008 –, sont en effet en grande partie détenus sur des entreprises dont le modèle d’activité reste dépendant du pétrole, du gaz et des autres énergies fossiles, et préjudiciable au climat et à la biodiversité.

Les perspectives de profit sont donc inversement proportionnelles aux avancées de la transition écologique : tant que la transition n’avance pas ou peu, la valeur de ces actifs se maintient ; si, au contraire, elle accélère, ces actifs vaudront de moins en moins et deviendront des « actifs échoués » inscrits au bilan des institutions financières qui les détiennent.

Les études se multiplient sur ce qu’il est convenu d’appeler ce « risque de transition » et sur les actifs échoués qui pourraient en résulter. La vulnérabilité du système financier à cet égard est certes hétérogène selon les pays, les régions, les secteurs, les entreprises et les individus concernés, car les pertes potentielles sont, par définition, largement concentrées sur les plus aisés. Mais ces pertes n’en seraient pas moins à la hauteur d’un choc financier comme celui de la crise de 2007-2008 (« Financial stability, stranded assets and the low-carbon transition – A critical review of the theoretical and applied literatures », Louis Daumas, Journal of Economic Surveys).

Banques centrales et superviseurs, qui entendent piloter le verdissement du système financier en mesurant les risques que le changement climatique fait peser sur la stabilité des marchés, se retrouvent ainsi coincés entre le marteau d’un risque physique croissant (les pertes liées aux dommages et destructions d’actifs dus au dérèglement climatique) et l’enclume du risque de transition (la dévalorisation des actifs au fil de la transition vers les objectifs climatiques), lui aussi croissant à mesure que l’inaction climatique obligera à une transition plus brutale.

Deux risques en balance

A vouloir mettre en balance ces deux risques, les autorités financières se condamnent à de tout petits pas, très éloignés de l’urgence requise, et ferment les yeux sur un autre risque, celui de se voir reprocher l’insuffisance de leur action jusque devant les tribunaux. Ce risque de responsabilité était pourtant bien présent dans le discours de Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, devant un parterre d’assureurs et de financiers, le 29 septembre 2015, quelques semaines avant la COP21 – discours que l’on considère aujourd’hui comme fondateur de cette approche par les risques.

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