La «monnaie volontaire», un outil pour restaurer le bien commun
Comment financer les immenses investissements européens qui seront indispensables ? La « monnaie volontaire » que pourrait dégager la BCE est une piste sérieuse à explorer.
La pandémie l’avait déjà démontré, la guerre en Ukraine le confirme, la situation de l’Union européenne, y compris de la France et de l’Allemagne, est celle d’une multi-dépendance économique, énergétique, militaire, alimentaire, médicale, informationnelle, technologique couplée à l’absence de ressources naturelles et à la désindustrialisation de ces 40 dernières années. À ces grandes faiblesses viennent s’ajouter de grands défis : la lutte contre le réchauffement climatique et la restauration de la biodiversité.
La genèse de nos faiblesses relève d’une vaste et importante question politique sur laquelle nous ne reviendrons pas ici, pour mieux nous tourner vers les moyens à déployer au plan monétaire et financier. Relever ces défis exige des États qu’ils se mobilisent à nouveau, plus encore qu’ils l’ont fait face à la crise financière de 2008 et à la pandémie. Le pourront-ils par les moyens traditionnels qui sont les leurs ? Les déficits se sont accumulés, la dette publique a augmenté et, réémergent déjà, les petites voix des politiques austéritaires pour affirmer qu’il faut restaurer les comptes publics le plus rapidement possible – sous-entendu que la population rembourse la dette à ses détenteurs. La question se pose alors de savoir comment un « État-responsable » peut s’affranchir du couperet des déficits et de la dette publique pour se donner les moyens qui lui permettent de s’engager résolument dans les investissements nécessaires aux transformations écologiques, énergétiques et sociales, si étroitement imbriquées, pour redonner l’espoir d’un avenir meilleur ? Il n’est d’autre solution que d’augmenter les ressources de la puissance publique en recourant à une hausse de la fiscalité et, à défaut, de recourir à des moyens monétaires.
Une hausse de la fiscalité sans doute insuffisante
La hausse de la fiscalité ne peut évidemment pas se faire sur les couches populaires et moyennes de la population, déjà confrontées à des vertigineuses hausses de prix et qui, dans un contexte de guerre, de stagnation économique, risquent de perdre leur emploi. Cette option est exclue. Tout en poursuivant de manière plus résolue la lutte contre l’évasion fiscale, il ne reste alors qu’à appliquer une fiscalité sur les hauts patrimoines et les hauts revenus ainsi qu’une fiscalité écologique socialement équitable frappant spécifiquement les consommations excessives de ressources naturelles. Et si une fiscalité réformée, ciblée sur les hauts revenus, les hauts patrimoines et les excès de consommation, devait ne pas suffire ; ce que nous croyons ; nous proposons de recourir à la « monnaie volontaire » pour financer les projets d’intérêt collectifs et non rentables que la dette de marché ne permet guère de financer même en situation de taux bas comme en témoignent les dernières décennies de faibles investissements publics dans la transition écologique et sociale, dans les services publics, l’école, l’hôpital, l’Université, ainsi que les aides aux citoyens pour leurs investissements de transition énergétique.
Restaurer le bien commun
D’une certaine manière, les mesures non conventionnelles mises en œuvre par les banques centrales ces dernières années pour répondre à la crise financière puis sanitaire ont ouvert la voie à cette
La reconquête des souverainetés et les réponses aux défis contemporains exigent des solutions novatrices telles que la « monnaie volontaire ». Cette dernière exigera que l’on rétablisse une coopération plus étroite entre les autorités publiques et l’autorité monétaire, que l’on redéfinisse le rôle et l’indépendance des banques centrales et que l’on interroge la fonction d’intermédiation des marchés financiers pour le financement des actions publiques. Après tout, quel mal y aurait-il à financer des actions pour le bien commun à l’aide de moyens financiers communs ? Quel mal y aurait-il à faire bon usage du pouvoir monétaire lorsqu’il traduit la volonté politique démocratique ?
Pour poster un commentaire, merci de vous abonner.
S'abonnerQuelques règles de bonne conduite avant de réagir4 Commentaires
La "monnaie volontaire" c'est la planche à billets. Aux US l'inflation est déjà montée à 8 %. Au sein de l'UE c'est de l'ordre de 4 %, mais l'augmentation est continue. Augmenter la masse monétaire nourrit l'inflation. Et l'inflation appauvrit. Les auteurs de cette carte blanche devraient le savoir.
Vous n'avez manifestement pas compris ce mécanisme de monnaie volontaire. Ce qui nourrit l'es hausses de taux d'intérêts et l'inflation, c'est une détérioration de la balance de paiements futurs. Or ici, il n'y a pas de remboursement. donc pas d'augmentation de l'inflation.
Et hop, encore une ration de gauchisme et d'étatisme qui nous est servie par Le Soir.
vous ne savez pas ce qu'est une carte blanche?