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Jézabel Couppey-Soubeyran : « Etendre la capitalisation dans les retraites, c’est accroître le poids des marchés financiers et leur instabilité »

L’économiste dénonce, dans sa chronique, la petite musique favorable à l’introduction d’une dose de capitalisation obligatoire dans le système de retraite.

Publié le 18 mars 2023 à 05h00 Temps de Lecture 3 min.

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Le Sénat a décidé, le 5 mars, de lancer une étude pour examiner l’opportunité d’une dose de capitalisation collective dans le système de retraite par répartition. Heureux hasard du calendrier, l’Institut Sapiens avait publié, quelques semaines auparavant, une étude intitulée « Pour une dose de capitalisation dans nos retraites », très favorable à un tel dispositif.

Notre système de retraite par répartition serait « à bout de souffle » pour reprendre les termes de l’Institut Sapiens. Curieuse expression, car un régime de retraite n’a rien de naturel, ce n’est pas un animal au galop perdant son souffle, c’est une institution, c’est-à-dire un dispositif que l’on crée en le faisant reposer sur des principes reflétant le projet sociétal, et qui évolue tel qu’on décide de le faire évoluer. Le système de retraite par répartition et celui par capitalisation sont, à cet égard, très différents.

Le premier est non marchand, sous l’égide de la Sécurité sociale, quand le second, au contraire, est marchand et confie la retraite à un organisme financier (fonds de pension, fonds d’épargne retraite, caisse de retraite, assurance-vie…) chargé de collecter les cotisations et de les placer sur les marchés financiers pour en servir le résultat sous forme de pensions, et qui pour cela commissionne ses services, d’autant plus cher que sa part de marché est importante. Le premier repose sur une solidarité intergénérationnelle assumée, car les actifs savent qu’ils paient pour les retraités, tandis que le second place chacun dans l’illusion que sa retraite ne dépend que de son propre effort de contribution, alors qu’elle reste fondamentalement un prélèvement sur l’activité économique et donc sur le travail des « actifs » – sinon les placements du fonds de pension ou de la caisse de retraite ne reposeraient sur aucune valeur réelle.

Ces dispositifs institutionnels sont performatifs, au sens où ils façonnent la société selon les principes et les valeurs qui les sous-tendent. Adosser la retraite au marché, et plus précisément aux marchés financiers, c’est induire des comportements de recherche de profit, de rendement, de compétition, qui, comme l’expliquait Karl Polanyi dans La Grande Transformation (1944), n’ont rien de naturel, mais sont bel et bien le résultat des institutions mises en place. Faire reposer le système de retraite sur la Sécurité sociale et la solidarité intergénérationnelle ne rend pas ces comportements-là nécessaires et installe davantage de coopération, de partage et de respect entre les générations.

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