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Jézabel Couppey-Soubeyran : « Emettons de la monnaie sans dette pour financer les investissements non rentables de la transition écologique »

Les sources classiques de financement ne permettent pas d’assurer les nombreuses dépenses nécessaires à l’adaptation de nos sociétés au changement climatique. L’économiste propose, dans sa chronique, d’innover par un nouveau mode de création monétaire.

Publié le 28 octobre 2023 à 08h00 Temps de Lecture 3 min.

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Qu’y a-t-il de commun entre la désartificialisation des sols, la dépollution des eaux, la collecte des déchets océaniques, la création de réserves de biodiversité, le rétablissement de petites lignes de chemin de fer, les aides à apporter pour que tous les ménages accèdent à la transition, etc. ? Ce sont autant de postes de dépenses nécessaires à une transition écologique juste, mais dépourvues de retour financier, ce qui les rend impossibles ou presque à financer par des fonds privés. A petite échelle, on trouvera bien des formes innovantes de finance participative ou de mécénat, mobilisant des financeurs privés plus soucieux de l’impact écologique et social de leur argent que de rentabilité financière. Mais, à grande échelle, de telles dépenses exigent beaucoup de fonds publics.

Etrangement, les estimations disponibles des besoins de financement de la transition font peu de cas de la part de ces dépenses non rentables, et pourtant nécessaires à une transition non tronquée. Or cette part est a priori massive. L’un des rares chiffrages émane du cabinet McKinsey & Company, qui avait estimé dans un rapport de 2021 que la moitié, en moyenne, des 1 000 milliards d’investissements annuels (pendant au moins sept ans) nécessaires en Europe pour atteindre la neutralité carbone « ne présentaient pas de perspectives de rentabilité suffisante pour les investisseurs privés ». Même si ledit rapport visait surtout à obtenir un assouplissement du cadre réglementaire et des aides publiques pour « viabiliser » les investissements privés, il démontre de fait que la transition écologique n’aura pas lieu sans mobiliser une grande part de fonds publics !

Mais les sources classiques du financement public n’y suffiront pas non plus. La dette exige un retour financier pour être remboursée : l’augmentation de la dette publique, fût-elle possible, ne financera donc pas du non-rentable sans se heurter à un problème de soutenabilité. Quant à l’impôt, son augmentation n’exige pas seulement d’en finir avec la course au moins-disant fiscal, mais de continuer à faire croître l’économie au détriment des limites planétaires. C’est donc vers une forme nouvelle de création monétaire, sans dette, qu’il faut se tourner pour financer l’indispensable non rentable.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Transition écologique : « Pour un Bretton Woods de la monnaie carbone »

Notre système monétaire et financier repose sur l’institution maîtresse de la monnaie-dette, créée et mise en circulation par les banques lorsqu’elles octroient des crédits (on dit que « les crédits font les dépôts ») sous l’égide de la banque centrale. Or un mode d’émission encastré dans le marché de la dette réserve la création monétaire aux activités financièrement rentables. A sa création par les banques comme dans les échanges dont elle fait l’objet sur les marchés financiers, la monnaie-dette, pilier du capitalisme, va à l’argent pour faire de l’argent. Cela exclut du bénéfice de la création monétaire et de ces échanges tous les investissements socialement ou environnementalement indispensables, mais qui ne s’avèrent pas rentables d’un point de vue financier.

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