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Colère des agriculteurs : « Le temps est venu de produire d’abord pour nous nourrir et non pour alimenter les marchés internationaux »

Malgré une importante surface agricole utile rapportée à ses habitants et une balance agroalimentaire positive, la France est loin de la souveraineté alimentaire, constatent les universitaires Ivar Ekeland, Dominique Méda et Philippe Pointereau, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 10 février 2024 à 06h00 Temps de Lecture 3 min.

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On a beaucoup parlé de souveraineté alimentaire ces derniers temps. La réponse du gouvernement aux revendications des agriculteurs a été de mettre en sommeil les réglementations sur les pesticides et les taxations sur le carbone, notamment la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, dans le but de favoriser une agriculture productiviste, prétendument destinée à nourrir la France. Mais si la majeure partie de cette production allait en fait à l’exportation ?

L’agriculture française et son industrie agroalimentaire n’ont eu de cesse de conquérir les marchés mondiaux, notamment dans les domaines des vins et spiritueux, des céréales, du sucre et des produits laitiers. Nos échanges n’ont cessé de croître et les deux courbes import-export sont parallèles : plus on importe et plus on exporte !

Dans ce petit jeu, il y a des gagnants et des perdants. Les gagnants sont les productions citées, et plus particulièrement les vins et spiritueux, qui, à eux seuls, en 2022, représentaient en valeur 25 % de nos exportations. Les perdants sont les viandes (moutons, poulets) et les fruits et légumes. Difficile de rivaliser avec la Nouvelle-Zélande pour l’agneau, avec le Brésil pour le poulet standard et avec le Maroc ou l’Espagne pour les fruits et légumes.

Le résultat est qu’environ un tiers de notre alimentation est aujourd’hui importé : bien sûr les produits tropicaux que nous ne pouvons produire en dehors des territoires d’outre-mer, café, cacao, épices, huile de palme ou d’arachide, banane ou avocat, mais aussi les agrumes, le soja, la moitié de nos fruits et légumes, du riz, de l’huile d’olive, de nombreuses viandes et beaucoup de poissons. Ces flux importants sont aujourd’hui perturbés par les guerres, le prix croissant de l’énergie, qui augmente les coûts de transport, et de plus en plus par le changement climatique. Le Maroc ou l’Espagne pourront-ils continuer à exporter des fruits et légumes, alors que l’eau commence à manquer ?

Changer de direction

Malgré une importante surface agricole utile rapportée à ses habitants (4 300 mètres carrés contre 1 320 mètres carrés pour l’Inde ou 440 mètres carrés pour l’Egypte, par exemple) et en dépit d’une balance agroalimentaire positive – 10 milliards d’euros en 2022, soit 12 % de nos exportations –, la France est donc bien loin d’être souveraine pour son alimentation. On l’a constaté lors de la crise liée au Covid-19, où il y a eu une pénurie d’huile de tournesol, alors même que la France produit la quantité qu’elle consomme. La réalité est que la France ne nourrit pas bien sa population : d’après une récente étude du Crédoc, 16 % des Français ne mangent pas à leur faim, soit plus de 11 millions de personnes.

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