Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Utiliser l’épargne du livret A pour financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires sans débat public, c’est inacceptable »

Décider que l’épargne populaire contribue à la construction de nouveaux EPR risque de nuire au financement des logements sociaux et des projets de rénovation thermique, s’inquiète un collectif d’économistes dans une tribune au « Monde ».

Publié le 06 mars 2023 à 09h00, modifié le 06 mars 2023 à 09h00 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Le 10 janvier 2023, lors de son audition en commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Lombard, directeur de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a déclaré que « l’épargne populaire du Livret A, du Livret de développement durable et solidaire, du Livret d’épargne populaire… peut davantage encore financer la transformation de notre appareil de production énergétique ». Les ministres de la transition écologique et de l’industrie ont ensuite reconnu que le gouvernement pourrait flécher une partie de l’épargne déposée sur le Livret A vers la construction des réacteurs pressurisés européens (EPR), les réacteurs de nouvelle génération. La décision à ce sujet devrait être prise en 2023. Pourtant, des EPR dans le Livret A sans débat public, c’est inacceptable !

Ce fléchage partiel envisagé du Livret A interpelle en effet sur deux points : d’une part, sur ce qu’il adviendra du logement social dans le Livret A, d’autre part sur la pertinence du Livret A pour financer le programme nucléaire.

Cette épargne réglementée joue un rôle majeur dans l’épargne populaire : elle rassemblait 375 milliards d’euros fin 2022 et plus de huit personnes sur dix disposaient d’un livret. Elle est gérée majoritairement par la CDC, de la même façon que le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Environ 300 des 510 milliards d’encours de ces deux livrets sont centralisés à la CDC pour l’année 2022, l’équivalent de 12 % du PIB. C’est dire l’importance de toute décision relative à son utilisation.

Défi immense

C’est pour accomplir des missions d’intérêt général que la CDC dispose d’un mandat de gestion d’une partie des fonds du Livret A et du LDDS. Ces fonds viennent soutenir les prêts consentis par la CDC au titre du logement social et de la politique de la ville. Ce qui n’est pas centralisé par la CDC est orienté vers les petites ou moyennes entreprises et la transition énergétique. Si d’autres types de financement ont été ouverts en 2020, après que l’épargne populaire a connu une forte hausse dans le contexte de la crise sanitaire, la partie centralisée à la CDC reste orientée vers le logement social et les projets d’aménagement et de renouvellement urbains. En 2021, la CDC a financé près du quart des logements construits en France, soit 85 300 nouveaux logements sociaux, et ses prêts ont permis la réhabilitation de 81 600 autres logements dans le parc existant.

Pour les années qui viennent, le défi est immense. Pour faire face à la crise du logement et aux besoins de rénovation thermique des 460 000 passoires énergétiques du parc social, la CDC devra impérativement renforcer son concours. C’est un chemin de sobriété énergétique qui bénéficiera aux habitants, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Dans le cas contraire, des logements seront rendus impropres à la location, alors que 1,7 million de ménages restent en attente d’une habitation à loyer modéré en France. Si le gouvernement décide de puiser dans le Livret A pour financer une partie de son programme nucléaire, cela ne doit pas être au détriment de ses usages historiques. Les enjeux de logement et les besoins des quartiers prioritaires de la politique de la ville sont tels que personne ne le comprendrait.

Il vous reste 51.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.