Silicon Valley Bank, Crédit suisse : comment se propage une panique boursière ?

Une enseigne de la banque Credit Suisse est visible sur une succursale à Genève, le 15 mars 2023. ©AFP - Fabrice COFFRINI
Une enseigne de la banque Credit Suisse est visible sur une succursale à Genève, le 15 mars 2023. ©AFP - Fabrice COFFRINI
Une enseigne de la banque Credit Suisse est visible sur une succursale à Genève, le 15 mars 2023. ©AFP - Fabrice COFFRINI
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Il n’a pas fallu plus de 48h la semaine dernière pour que la Silicon Valley Bank, s’effondre. Une semaine plus tard, le Crédit Suisse, est à son tour au bord de la faillite. Comment le déraillement d’une banque américaine de la Silicon Valley peut-elle impacter le système bancaire européen ?

Avec
  • Jézabel Couppey-Soubeyran Maîtresse de conférences en économie à l’université Paris-I, conseillère scientifique à l’Institut Veblen

Qu’est-ce que la Silicon Valley Bank ?

La Silicon Valley Bank est une petite banque régionale américaine, qui est très liée au secteur de la tech et à qui, rétrospectivement, on reproche de ne pas avoir suffisamment diversifié son activité, de ne pas avoir vu venir le rehaussement des taux d’intérêt, de ne pas s’être couverte suffisamment contre ce risque.” explique Jézabel Couppey-Soubeyran. “Il y a sans doute une bonne part de vrai, cela étant, le problème ne se réduit pas à cela”, estime l’économiste, pour qui “la bonne explication doit également pointer l’action des banques centrales, parce qu'elles ont mené très longtemps une politique monétaire ultra-accommodante.”

Comment la hausse des taux peut-elle provoquer une quasi-faillite ?

Jézabel Couppey-Soubeyran rappelle que “quand les liquidités de la banque centrale coulaient à flots, et que les taux d’intérêts étaient bas, les grandes banques européennes comme les petites banques américaines se sont largement tournées vers les marchés et ont acheté des titres, qui ne rapportaient pas grand-chose, mais dont elles étaient certaines qu’elles pourraient les revendre à un prix plus élevé. Quand les taux remontent mécaniquement, la valeur des titres baisse sur les marchés. Dans ces moments-là, les risques qui ont été pris dans la phase ascendante se révèlent et les acteurs financiers s’embarquent dans des cercles vicieux”, et l’économiste précise que “pour se procurer les liquidités dont elles ont besoin, elles vendent des titres, ce qui fait baisser leur prix, et plus le prix des titres baisse, plus la valeur des bilans se dégrade. On entre dans des mécaniques d’instabilité financière."

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Pour Jézabel Couppey-Soubeyran, “le risque de crise bancaire n’est pas tant lié à des liens forts entre les banques américaines qui ont fait faillite et les banques européennes. Selon elle, “avec le Crédit Suisse, le problème de connexion se pose un peu plus, il y a pas mal de banques européennes qui sont liées, sur le marché interbancaire, à Crédit Suisse. Mais plus globalement, on est dans un mouvement de retournement du cycle financier où toutes les banques vont révéler leur fragilité. Est-ce que le système va tenir ? Cela dépend de la capacité de résistance des banques. A-t-on pris les précautions nécessaires ? La réponse est plutôt non”, conclut Jézabel Couppey-Soubeyran.

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