Pourquoi un système obligatoire de retraites a-t-il été mis en place en France ?

Avant le XIXe siècle, le problème de la "retraite" ne se pose pas. Les personnes âgées de plus de 65 ans, peu nombreuses (4,5% en 1775) sont prises en charge par la famille, l’Eglise et éventuellement l’assistance locale aux pauvres. Il existe néanmoins quelques exceptions. Un certain nombre de professions, en particulier celles qui sont au service de l’Etat, ont réussi à obtenir une forme de protection pour leurs vieux jours. En 1673, Colbert, ministre des finances de Louis XIV, a en effet créé un régime de retraite pour les marins de la Royale blessés ou invalides avec comme objectif d’attirer et de fidéliser les meilleurs au service de la marine militaire. À la fin du 18e siècle cette protection a été étendue aux militaires, à l’administration royale, au clergé et aux fermiers généraux. En 1790, naît le premier régime de retraite des fonctionnaires de l'Etat qui englobe pensions civiles, ecclésiastiques et militaire.

En 1790, naît le premier régime de retraite des fonctionnaires de l'Etat

Mais la transformation de la société, en particulier le développement du salariat et l’allongement de l’espérance de vie rendent de plus en plus aigu le problème des moyens de subsistance des vieux travailleurs salariés sans patrimoine, devenus beaucoup plus nombreux. L’absence de protection de ces derniers apparaît de plus en plus choquante, y compris pour la pensée libérale, dominante à l’époque, qui oppose une résistance farouche à l’intervention de l’Etat en matière sociale comme en témoigne cette affirmation d’Adolphe Thiers en 1850 : "Dans un pays véritablement libre, le rôle de l’Etat devrait se borner, à très peu de choses près, aux fonctions pour lesquelles il a été créé, c’est-à-dire à assurer la paix extérieure et intérieure, le reste n’est pas de son domaine". La Caisse nationale des retraites pour la vieillesse, créée au même moment, qui vise à recueillir les dépôts des épargnants mais ne comporte aucune obligation d’affiliation est un échec car les salaires sont si bas que les ouvriers ne peuvent en aucune manière se constituer une épargne volontaire.

Au long du XIXe siècle, des formes collectives de retraite se développent lentement (...)

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