Moins d’une semaine après l’annonce de l’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), le 28 juin, la contestation prend de l’ampleur. Manifestations d’agriculteurs, levée de boucliers d’ONG, division au sein même de la majorité…
Le débat pourrait compliquer la donne pour Emmanuel Macron, qui a défendu, mardi 2 juillet à Bruxelles, ce texte, en mettant en garde contre les attitudes « néoprotectionnistes ».
En attendant la version définitive, qui sera publiée dans les prochaines semaines, la Commission européenne a mis en ligne un document de dix-sept pages permettant de se faire une idée un peu plus précise du résultat des négociations.
A quoi sert un traité de libre-échange ?
A Bruxelles, l’impératif économique est mis en avant pour défendre la logique des accords de libre-échange. Premier objectif : créer des opportunités pour nos exportateurs et donner à nos entreprises un meilleur accès aux marchés publics des pays concernés. Ainsi, selon la Commission, l’accord avec le Mercosur est censé faire économiser aux sociétés européennes plus de 4 milliards d’euros en droits de douane. Il impose aussi la reconnaissance de spécificités comme les indications géographiques protégées.
Mais comme pour toute négociation commerciale, l’Europe a dû offrir des concessions à ses partenaires, dans l’agriculture notamment, ce qui nourrit les inquiétudes.
In fine, aucune étude officielle ne chiffre l’impact global sur la croissance et l’emploi au sein de l’UE. L’exercice semblait-il trop risqué ? Pour le défunt Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement avec les Etats-Unis (TIPP, aujourd’hui à l’arrêt), les économistes parlaient d’un bénéfice de 0,01 à 0,05 point de produit intérieur brut par an sur la première décennie. Un gain faible au regard de la fronde des opinions publiques dans certains pays… même si bon nombre d’Etats membres restent farouchement libres-échangistes.
Pour justifier ces accords, les dirigeants insistent aussi sur leur caractère politique. Dans une UE initialement construite comme un vaste espace de libre-échange et dont la force est avant tout économique, le commerce serait un levier d’influence. Ainsi la Commission ne manque-t-elle pas de souligner la décision du Brésil de rester dans l’accord de Paris sur le climat : un engagement pris pour ne pas hypothéquer ses relations avec l’UE, en dépit des pressions exercées par Washington.
Il vous reste 83.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.