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Neutralité carbone : les tromperies de la Commission européenne 

D’un côté, la Commission présidée  par Ursula Von der Leyen prétend agir pour réduire le bilan carbone de l’économie des pays membres de l’Union européenne en promouvant la voiture électrique. De l’autre, elle continue de signer des accords de libre-échange qui favorisent la croissance continue des exportations agricoles de pays tiers en Europe. Cela favorise la déforestation,  l’une des causes du réchauffement climatique en cours.

 En page 8 ce matin, l’Humanité nous informe que « l’océan Arctique se réchauffe bien plus vite que prévu par les modèles climatiques retenus par les experts des Nations Unies, accélérant la fonte de la banquise ». En France, on va manquer d’eau cette année en raison des pluies insuffisantes durant l’automne et l’hiver qui se termine. Enfin, hier matin, à 2H50 et 2 secondes, l’Agence France Presse  (AFP) a diffusé  une dépêche donnant les grandes lignes du projet de « soutien aux industries vertes » que la Commission européenne devait publier en cours de journée. La dépêche indiquait  que la Commission présidée par Ursula Von der Leyen veut privilégier la mise en place de « panneaux solaires,  éoliennes, batteries, pompes à chaleur ». Car l’Union européenne « a fait le choix de ces technologies pour atteindre la neutralité carbone en 2050, bâtir une souveraineté énergétique et s’affranchir de la Russie ». 

Tandis qu’à Paris et dans toute la France on ne parlait que de l’utilisation du 49-3 pour faire passer la loi sur la réforme des retraites, à  Bruxelles un second projet devait être dévoilé dans la journée d’hier par la Commission  pour donner la « priorité aux matières premières stratégiques ». L’AFP citait Thierry Breton, le commissaire en charge  du marché intérieur européen selon lequel  l’Europe entend « répondre  à l’inquiétude de ses industriels quant à leurs besoins croissants en matières premières. Une dépendance qui les rend vulnérables, comme l’a montré l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  La Chine dispose d’un »outil géopolitique« avec »son quasi-monopole sur les terres rares« a souligné Thierry Breton, qui souhaite que l’UE accroisse ses propres capacités. Il propose des objectifs chiffrés: que l’UE puisse d’ici 2030  extraire sur son territoire 10% de sa consommation de matières premières stratégiques  et qu’elle ne dépende pas d’un pays tiers unique pour plus de 70%  de ces importations pour chacune de ses matières premières stratégiques », précisait encore cette dépêche de l’AFP.

Les raisons secrètes de l’accord signé avec le Chili

Les propos  de Thierry Breton semblent donc confirmer ce qui s’est dit au  mois de décembre 2022 concernant la signature d’un accord de libre-échange  entre la Commission européenne et le Chili. C’est pour pouvoir importer plus de cuivre et de lithium en provenance de ce pays que cet accord doit permettre au Chili d’exporter en Europe des volumes importants de  viande bovine,  de viande volaille, et d’autres produits agricoles sans tarifs douaniers .

Voilà qui nous ramène à un autre communiqué. Il a été publié le 14 mars à Paris par la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), l’Institut  Veblen pour les réformes économiques et INTERBEV, l’interprofession du bétail à viande. La rédaction de ce  texte commun débute ainsi : « Alors que les députés de tous les groupes (EELV, GDR, Horizons, Les républicains, LFI, Liot, Modem, PS, Renaissance) déposent une proposition  de résolution demandant  au gouvernement de bloquer l’accord entre l’UE et le Mercosur, la FNH, l’Institut Veblen  et INTERBEV  publient un rapport conjoint »UE-Mercosur: les dangers  d’une ratification  de l’accord en l’état. Dans un contexte de très fortes dégradations environnementales,  notamment au Brésil, et alors que le besoin de réciprocité des normes  de production  européennes  s’exprime, ce rapport détaille  les impacts sanitaires, environnementaux et sociaux  qui menacent tant les consommateurs, agriculteurs et éleveurs européens, que les populations des pays du  Mercosur« , précisent les trois organisations. 

Que deviendra l’accord pas encore ratifié avec le Mercosur ? 

  Dans leur analyse des conséquences qu’a déjà cet accord, appliqué sans être ratifié  pour le moment, les trois organisations notent qu’au Brésil »la déforestation a augmenté de +59,5%  après quatre années de mandat de Jair Bolsonaro par rapport à son entrée en fonction (…) Le Mercosur représente plus de 70%  des importations européennes de viande bovine et 50% des importations de viande de volaille. L’abaissement ou la suppression des droits de douane sur une majorité de ces produits les rendront encore plus compétitifs à l’heure où l’UE a besoin de recouvrer son autonomie protéique et que les éleveurs européens ont du mal à vivre de leur production. D’un point de vue sanitaire, l’accord facilitera l’entrée de denrées produites selon des pratiques interdites dans l’UE (…) Au Brésil, les bovins ne sont identifié et suivis que 40 jours avant leur abattage, alors que la règlementation européenne impose, pour des raisons sanitaires, la traçabilité des bovins tout au long de leur vie« 

Que devient la lutte contre la déforestation importée ?

Evoquant la position qu’elles attendent de notre pays, la FNH, Veblen et INTERBEV affirment dans leur texte commun que »la France doit plaider pour que les préférences tarifaires soient conditionnées au respect effectif de la durabilité  pour tous les produits sensibles d’un point de vue climatique (…) Si le règlement européen sur la déforestation importée constitue une étape historique,  il présente encore des lacunes et sa robustesse reste à éprouver. En l’état, il ne peut donc pas garantir une absence totale de produits issus de la déforestation dans les échanges commerciaux de l’UE. Pour combler ces lacunes, la France doit traduire cette ligne rouge en un conditionnement des préférences tarifaires au respect effectif d’un règlement européen et ajouter des dispositions spécifiques incluant : le maïs et le biodiesel, actuellement exclus du règlement; la déforestation des autres biomes, notamment les savanes comme le Cerrado, sur lesquelles est cultivé le soja, qui représente près de 60%  des importations européennes à risques de déforestation …« .

Après avoir déclaré que cet accord était »bon en l’état« au moment de sa conclusion en juin 2019, le président Macron a déclaré depuis que la France ne l’approuverait pas en l’Etat. Il l’a même redit le 25 février dernier lors de sa visite sur le Salon de l’Agriculture. Mais, depuis près de quatre ans, notre pays n’a effectué  aucune démarche auprès de la Commission européenne pour proposer le rejet de cet accord par les pays membres de l’Union européenne. De même, la France s’abstient de prendre position sur les deux accords signés en 2022 entre la Commission et la Nouvelle-Zélande, puis entre la Commission et le Chili. 

Dans le cas du Chili, les propos du commissaire européen Thierry Breton permettent d’en comprendre la raison cachée aux Français.


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