Une étude inédite menée par trois associations auprès de 266 salariés du secteur pétro-gazier montre l’état d’esprit des acteurs du secteur et leur inquiétude face à leur avenir.

Intitulé « Pour une transition juste : visions et attentes des travailleur.ses du secteur pétrolier et gazier en France », le rapport publié en février 2022 fait un constat : les effectifs de la filière ont diminué de 47 % depuis 2015. Et plus globalement, du fait de la crise sanitaire, 40 % des salariés de l’industrie énergétique mondiale ont perdu leur travail en 2020 et 2021.

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71% des sondés pensent que le secteur est en crise

L’avenir de la filière interroge dans le contexte de la crise climatique et les auteurs ont souhaité connaître la position et les perspectives envisagées par les salariés concernés.

Premier constat : 71 % des personnes interrogées considèrent que le secteur du pétrole et du gaz est en crise et 79 % d’entre elles estiment que les problèmes rencontrés sont antérieurs à la pandémie liée au Covid-19.

La quasi-totalité des travailleurs (95 % et 100 % chez les moins de 25 ans) pensent que le changement climatique est un problème et environ la moitié des répondants (45 %) craignent pour l’avenir de leur emploi. Notons que les plus inquiets pour leur job sont les ouvriers (57 %).

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Les salariés prêts à se reconvertir 

Si les salariés semblent conscients de la situation, ce ne serait pas forcément le cas de leur entreprise puisque 4 sondés sur 10 considèrent que celle-ci ne prend pas au sérieux le changement climatique.

La majorité des personnes interrogées (79 %) se disent prêtes à chercher un emploi en dehors de leur secteur d’activité. Toutefois, ces reconversions seraient mises en œuvre à l’occasion d’initiatives individuelles et en dehors de l’entreprise qui a embauché ces salariés.

En outre, les deux tiers des travailleurs interrogés considèrent que les pouvoirs publics n’agissent pas assez pour leur secteur. Ils font valoir la nécessité de mettre en place des actions de recyclage, de soutenir la reconversion des entreprises mais aussi d’assurer « la fin du pétrole pour éviter les accidents ».

Les préoccupations liées à la reconversion sont à prendre au sérieux quand on sait que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) considère que 5 millions d’emplois vont disparaître d’ici 2050 dans le secteur du charbon, du pétrole et du gaz. À l’inverse, ce sont 14 millions d’emplois qui pourraient être créés dans le secteur de « l’énergie propre ».

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Des recommandations adressées aux pouvoirs publics et aux entreprises

Les conséquences de la transition énergétique sur le secteur pétro-gazier sont incontournables et les auteurs de l’enquête appellent les entreprises et les pouvoirs publics à anticiper les modifications du secteur, afin de ne pas pénaliser les salariés qui seront les premiers concernés par un manque de préparation à ce changement.

Pour cela, les auteurs concluent leur rapport avec trois recommandations formulées à l’égard des pouvoirs publics. Il s’agit de réaliser la transition énergétique du secteur avec les salariés ; quant à l’État, il doit occuper une place centrale dans cette évolution et anticiper la transformation du secteur.

L’étude a été menée auprès de 266 salariés du secteur depuis avril 2021 conjointement par l’association Les Amis de la Terre, l’institut Rousseau et l’institut Veblen. Deux tiers d’entre eux exercent dans une entreprise parapétrolière ou paragazière et un tiers dans des entreprises de production et de fourniture d’énergie. Parmi eux, les salariés ayant des fonctions hiérarchiques supérieures (cadres, ingénieurs, etc.) sont fortement représentés.

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